Cette expérience propose au spectateur d'écrire une lettre sous contrainte à l'aide d'une machine à écrire Remington Portable n°3 des années 1930. Cette dernière est modifiée pour accueillir une carte électronique et plusieurs capteurs qui enregistrent chaque touche sollicitée. Le dispositif étant relié à un ordinateur et un vidéoprojecteur, des propositions de début de mot ou des mots complets sont ainsi directement projetés sur la feuille de la lettre du spectateur, qui doit construire son récit en intégrant ces contraintes. Les informations projetées sur la feuille, mises à jour à chaque fois qu'une touche est sollicitée, s'adaptent aux mouvements du chariot de la machine.

Au Fil des Mots, via la métaphore du voyage - le spectateur rédigeant une lettre à bord d'un train dont il est libre de définir la destination, chaque caractère inscrit le rapprochant de la fin de son trajet -, explore le processus de la création littéraire, en s'inspirant notamment du travail de l'Oulipo et de la correspondance de Neal Cassady (Beat Generation). A l'heure du numérique, où pouvoir effacer un texte dans un logiciel de traitement de texte ou dans un mail est devenu si évident que c'est une pratique totalement intégrée dans les habitudes d'écriture, Au Fil des Mots questionne la notion de trace avec cette machine à écrire où chaque caractère est à la fois imprimé sur une feuille tangible, mais également enregistré dans le logiciel.

A la fin de son expérience, le spectateur est libre de repartir avec la lettre qu'il a rédigée. Après chaque événement, un carnet au format A5 est également imprimé. Ce dernier regroupe des copies identiques aux lettres rédigées par les spectateurs, avec toutes les erreurs qu'elles peuvent contenir, que ce soit les fautes d'orthographes, de frappes ou bien dues aux manipulations de la machine à écrire.